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Songez que Mozart était tellement précoce qu'à 5 ans, il avait déjà composé le Boléro de Ravel !
Pierre Desproges

Tout a commencé avec la partition du Boléro de Ravel, achetée – en francs – l’année du bac dans une boutique de partitions attenante au lycée. Ça représentait un mois d’argent de poche et le pire, c’est que je n’avais pas acheté cette partition pour l’utiliser mais seulement pour l’avoir. C’est tout. Comme la Marche Turque de Mozart, la Toccata de Bach, la Notte de Vivaldi  et la VIIème de Beethoven. Des partitions que je me suis mis à lire ensuite sans tout comprendre… à tirer des leçons de l’organisation des notes, des instruments, des familles d’instruments.

Il m’en a fallu du temps mais l’élévation dans le domaine public du Boléro a été le déclic que j'attendais et mon projet est arrivé à maturité : concevoir un arrangement à ambiances multiples de l’intégralité du Boléro avec tous les musiciens qui voudraient bien me rejoindre. Je venais de terminer un projet de déconstruction de Vivaldi seul alors il fallait bien que je m’occupe à plusieurs !

J’ai commencé par un repérage analytique écrit de l’orchestration originale : qui tient le thème, qui le double, qui joue les accompagnements, qui prend en charge les notes que finalement on n’entend presque pas une fois que tout l’orchestre s’y est mis…  Puis je me suis nourri d’une multitude de visionnages du Boléro par Dudamel, Béjart bien sûr, Gergiev qui fait peur avec ses yeux, Celibidache, les guitares de J-Félix Lalanne, la version ridicule d’André Rieu, le disco de Kebekelektrik , les synthés de Tomita, des flashmobs, les travaux très utiles de Zygel, en parallèle avec l’apparition au mois d’avril de vidéos retraçant le parcours dingue et malhonnêtement tortueux des droits dudit Boléro. Y'en a même un par Jacques Villeret, si si.

J’ai ensuite recopié dans un logiciel de partitions toutes les sections de l’original que je voulais conserver, j’ai fait des essais au synthé, à la basse, à la guitare, au vocoder, au balafon, à l’ocarina… et je n’ai pas tout gardé… Mais cela m’a quand même permis d’avoir 15 minutes de musique servant de prises témoin dont une bonne partie se retrouvent dans la version finale.

35 ans que je fais de la musique, presque 20 que j’utilise l’internet (un des musiciens du Boléro a été rencontré sur un forum Minitel alors bon…) et au final un bon paquet de musiciens parmi mes relations. Si bien que quand j’ai demandé sur les réseaux sociaux à qui voulait bien me rejoindre - je m’attendais à avoir une dizaine de contributeurs - et me voilà avec plus de 30 invités, des cousins et potes de lycée aux connaissances récentes.
Pas d’autre solution que de faire un tableau géant : qui joue quoi, quand, accompagné par qui, à quel endroit de l’écran parce que bien sûr, on se filme ! Ensuite, il m’a fallu donner à chacun des indications musicales, envoyer les partitions, tablatures et une bonne quantité de mp3 en guise de maquettes et autres playbacks.

Voici donc la distribution complète : 14 synthétiseurs du Minimoog au Theremini, 8 guitares, un ukulélé, deux batteries, un marimba, deux violons, une kalimba, deux saxophones, un bâton de pluie, un balafon, une chanteuse, une flute, 4 basses, un cor d’harmonie, un stylophone et un piano à queue.

Chacun s’est mis au boulot, et d’avril à septembre j’ai reçu des enregistrements de musique et de vidéo. Certains sont venus enregistrer chez moi, d’autres chez eux en ma présence ou pas, d’autres enfin sont de Lille, Lyon, Avranches, Biarritz, les Pays de Loire, la Moselle, Ozolles, l’Hérault, la Guadeloupe, la Suisse, l’île Maurice et malheureusement je n’ai pas fait les déplacements…

Cela n’arrive pas sans un certain nombre d’anecdotes :

- un musicien qui oublie de se filmer, alors j’ai mimé son jeu en me filmant sans la tête,

- un certain Ned Starck qui apparait dans un coin de l’écran,

- un musicien timide qui se filme flou à travers le feuillage d’un bonzaï,

- une violoniste qui joue en trio avec elle-même,

- un balafon en si bémol qu’il a fallu transposer en do (mais on ne peut pas monter un capodastre sur un balafon :p),

- des clins d’œil aux Beatles, à Vangelis et Jarre, au rock prog psyché, à Rush, des ambiances celtiques, kraftwerkiennes ou zeuhl,

- chez certains, le tempo qui coince quand on force le Boléro à rentrer dans une mesure à 4 temps,

- un batteur filmé dans la chambre d’ami de sa belle-maman,

- et le bonus que la planète entière attendait : la vidéo vous permet enfin de trouver Charlie !

Septembre et octobre ont été nécessaires pour peaufiner le montage vidéo et le mix audio avec Greg Erb aux commandes. Quelques mois plus tôt, Jean-Michel Jarre accueillait chez lui Moby, Air, Cindy Lauper, James Cameron, M83, Tangerine Dream et Hans Zimmer… on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a :p
J’espère avoir suffisamment remercié tous mes invités, je suis très fier de leur participation à ce Boléro Projekt, il va maintenant falloir que j’en rencontre quelques-uns en vrai… magie d’internet -  il y en a 3 ou 4 que je n’ai jamais vus en personne !

Cela fait trois semaines maintenant que la vidéo est en ligne sur youtube sous licence Creative Commons, nous avons eu 1500 visionnages, cela reste confidentiel, mais de toutes façons je n’aurais pas le temps d’assumer un buzz mondial et d’aller tous les soirs chez Hanouna et Chazal (en revanche, je veux bien passer chez Petitrenaud et avoir mon balcon refait par Silence, ça pousse !).

 

Par ordre d'apparition :
Coyote14, Elektron Analog Rytm, synthétiseur Minimoog
Dorian Bedel, flute
Denis Comte, basse
Olivier Doaré, guitare fretless
Nathan Bedel, marimba, batterie
V., guitare Carvin, réverb Strymon
Noémie Luxain, chant
Twinton, synthétiseur
Philou77, synthétiseur Sequential Prophet 6
Dan Tordjman, basse
Bertrand Drécourt, ukulélé
Didier Arthur Coviaux, synthétiseur Yamaha PSR-3000
David Vaisse, Moog Theremini
Grégory Erb, saxophone alto, guitare, enregistrement du marimba, de la batterie, de la flute et du saxophone alto, overdubs bien sentis et mixage son définitif
Sean Bean, wintery vocals
Marc Papeghin, cor
Rénald, synthétiseur AAS Lounge Lizard EP-4
Cartman49, synthétiseur Roland V-Synth GT
Pplemoko, synthétiseur Omnisphère
Vincent Rémon, basse Vigier Arpège
Romain Greffe, synthétiseur
Charlie Glad, violon
Antoine de Mieulle, batterie Roland
Thibault de Robillard, guitare
Arnaud HJ Chipouka Aka Kunstigarn, basse
Benoît Blin, guitare
Franck Bassette, synthétiseur Yamaha
Matthieu Marchand, synthétiseur Korg Triton
Virgile Fritsch, guitare
Minouche, guitare
Raphaël Sudan, piano Fazioli
Fanny Layani, violon
Cédric Pereira, guitare
Geoffrey Courderot, saxophone ténor
Pierre Guillot, guitare
et Fabien Labonde : synthétiseurs Roland et Yamaha, basses Lag et Washburn, Dübreq Stylophone, Balafon, Kalimba, Bâton de pluie, Samples,  Arrangements, Mixage son et Montage vidéo.


Creative Commons License
Cette création est mise à disposition sous un
contrat Creative Commons.
                       

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