TRI YANN

concert à Lorient le 9 août 2001


photo B.Schneider

Tri Yann et leurs invités ont mis le feu à l'espace Kergroise du port de Lorient, pour le concert de loin le plus énergique de ceux que j'ai vus au Festival Interceltique de cet été 2001. Ils ont joué près des deux tiers du nouvel album le Pélégrin ainsi que des morceaux que je connaissais déjà en concert. Bien entendu, d'aucuns pourraient leur reprocher d'avoir mis de côté Pelot d'Hennebont, Guerre guerre vente vent, Song for ye jacobites ainsi que les morceaux du Vaisseau de Pierre et de Portraits (album seulement représenté par la Délivrance). Mais leur choix artistique de mettre en avant leurs nouveaux morceaux est remarquablement justifié !!!
Voici de mémoire, et dans le désordre les morceaux joués ce soir là ...

A MATINE A LA TELE
JE M’EN VAS

Intro : les marées noires + LE SOLEIL EST NOIR (note du webmaster : les dégazages sauvages font encore plus de dégâts que les marées noires, et à l'heure où je conçois cette page web, les touristes de Dunkerque et de Bray-Dhunes ne peuvent se baigner suite à un dégazage.)
LES 90 MACONS
I RIM BO RO
LE CHASSEUR DE TEMPS

Intro : le roc an Grol (rocher de la godasse, dont la danse qui aurait inspiré le rock’n roll à des bretons émigrés vers les Etats-Unis) + FRANSOZIG avec une belle démonstration de gavotte pourlet (danse bretonne acrobatique) par les danseurs et danseuses de Koroll'air (Pontivy)
DE LA LUNE A LA LUNE (Mélaine Favennec co-écrit avec Dan Ar Bras) avec Mélaine Favennec
Intro : Guillaume Seznec + LA DELIVRANCE
Intro : les miss + Anne de Bretagne + SI MORS A MORT
KORYDWEN ET LE ROUGE DE KENHOLL
LA GESTE DE SARAJEVO

Poème de Yvon Le Men accompagné par Mariannick Larhantec à la harpe
LES FILLES D’IRLANDE
DANSONS LA LISTERIOLE
KAN AR KANN + DANS KOZ + KAN AN HEOL
DANS LES PRISONS DE NANTES

Intro : les hymnes nationaux + BRO GOZH MA ZADOU
LES FILLES DES FORGES
LE MARIAGE INSOLITE DE MARIE LA BRETONNE

LA JUMENT DE MICHAO + KEENAN’S PUB
+ Récitatif (les Gaulois avaient peur que le ciel leur tombe sur la tête, conte ponctué par deux bombes désodorisantes censées rappeler les parfums des sous-bois et de la marée bretonne)
DE NIVOSE EN FRIMAIRE
Intro : Edith Butler et Amélie Poulain + VIVE LA REPUBLIQUE, VIVE LA LIBERTE
BUVONS VIN DE CLISSON

sur scène ce soir-là : Jean Chocun, Jean-Paul Corbineau, Jean-Louis Jossic, Fred Bourgeois, Jean-Luc Chevalier, Konan Mevel, Gérard Goron

et comme invités : le quatuor TROELLENN, Mélaine Favennec, Koroll'air, Bleunwenn Mevel, un ensemble de cornemuses et Gurvan Mevel (lisez bien la pochette de leur album "le Pélégrin" et quelques-uns de ces noms ne vont seront pas étrangers)

quelques coupures de presse de l'époque ...

Rencontre. Tri Yann et le secret de l’éternelle jeunesse

Jean-Paul Corbineau, le chanteur et guitariste acoustique de Tri Yann, s’est prêté au jeu des questions - réponses pour nous livrer le secret de 30 ans de succès fou.

Le Télégramme : Quelle est la potion magique qui porte Tri Yann au firmament depuis 30 ans ?
Jean-Paul Corbineau : Je crois que c’est la passion qu’on a de faire du spectacle. On a d’ailleurs commencé dans le théâtre. Notre souci, c’est d’être le plus souvent sur scène et le plus près possible des gens. On essaie de les émouvoir, de communiquer, de les faire rire, de les étonner. De leur apporter de la chaleur et de la convivialité aussi. Je crois aussi qu’on a su évoluer au fil des ans. Les musiciens qui sont entrés dans legroupe au fur et à mesure ont apporté du sang neuf, de nouveaux arrangements, de nouvelles idées.

Comment envisagez-vous l’évolution du courant musical breton ?
La musique qui puise dans le répertoire breton peut durer encore très longtemps. Pour moi, c’est une certitude. Elle pourra se mélanger avec d’autres expressions musicales, pourquoi pas ? Par exemple, bien que la techno ne soit pas ma tasse de thé, j’ai entendu du celtique électronique et c’était formidable. Malgré tout, il ne faudrait pas que la musique bretonne perde son identité. Il y a un rapport affectif avec les thèmes et les sonorités bretonnes qui tient à cœur au public et qu’il serait dommage de perdre.

Est-ce que Tri Yann est toujours partant pour les grandes causes ?
C’est vrai qu’on est assez engagés. Le dernier "combat " c’était la manif pour le rattachement de Nantes à la région Bretagne. On y était. Il nous paraît important qu’en Europe les régions gardent des identités fortes pour une vraie diversité. Justement, la Bretagne serait plus forte avec Nantes à ses côtés. D’autant plus que c’est une réalité historique. A Nantes, on ne se sent pas Breton, on est Breton.

Propos recueillis par Alexis Constant

Vendredi -10 août 2001 Le Télégramme

 

TRI YANN : SYMPHONIES D'UN AUTRE MONDE

Que représente le Festival Interceltique de Lorient pour vous Bretons et citoyens du monde celtique ?
J.L.Jossic : D’abord, nous sommes nés en même temps, il y a trente ans ! Nous avons participé à sa première édition en accompagnant les Ballets populaires d’Orvault dans une petite salle. Depuis le début, c’est un Festival qui reçoit des artistes de Bretagne mais montre aussi que le monde celtique est riche et varié, avec ses stars comme ses débutants. C’est un coup de projecteur national et international.

Le Festival ne s’inscrit-il pas dans un processus identitaire ?
Plutôt dans un processus de reconnaissance d’une identité. Identitaire sous-entend sectaire, alors que la défense d’une identité implique une ouverture. Le Festival Interceltique, c’est ça : dire que plusieurs peuples et une multitude de musiques composent le monde celtique. On y défend un métissage d’identités. Nous sommes les cousins très lointains d’une même famille qui a envie de se retrouver et de jouer ensemble.

A-t-il contribué à donner une meilleure image de la Bretagne ?
Bien sûr. Avec le XXème siècle, du fait du tourisme principalement, la Bretagne n’a pas joui d’une image positive : un pays reculé, resté sauvage, avec des gens en costume, des ploucs alcooliques, etc. A partir des années 70, la tendance s’est inversée. Grâce à sa musique, grâce au Festival, grâce à des groupes comme nous ou à des chanteurs comme Alan Stivell, Dan Ar Braz, Servat et d’autres, moins connus mais aussi bons, la Bretagne est devenue ce pays qui, à partir d’une tradition, inventait une musique, était capable d’aller à la rencontre des autres et réussissait. On a définitivement quitté les "Bécassinades".

Les Tri Yann appartiennent-ils à la catégorie "world music " ?
Si la "world " englobe des sonorités et musiques du monde capables de se rencontrer et de se mêler sans perdre leur âme, oui. Et que ce soit clair : on ne fait ni du folklore, ni de la variétoche. On fait de la variété bretonne, dans le sens où notre musique est variée et accessible au plus grand nombre.

Une question au cœur de l’actualité : vous, Nantais, êtes-vous favorables au rattachement de la Loire-Atlantique à la région Bretagne, pour retrouver la Bretagne historique d’avant 1941 ?
Mais cela ne souffre pas le moindre questionnement. Ce détachement n’a été accepté par personne ! Ce n’est pas notre point de vue de chanteurs bretons et nantais qui compte, mais de constater qu’il y a vingt ans, 62 % des habitants de la Loire-Atlantique se considéraient comme bretons et qu’ils sont aujourd’hui 75 %. En majorité, les Nantais se sentent bretons et souhaitent être du côté des gagnants. Ils ont envie d’appartenir à une région qui procure un peu de fierté.

Vous êtes l’un des plus anciens groupe français. Comment expliquez-vous cette longévité?
Au noyau dur des trois Jean du début sont venus se greffer de nouveaux éléments. On n’est pas faits sur le même moule, heureusement, mais on a la même philosophie. Nous n’aurions jamais fêté nos 30 ans si chacun des huit membres du groupe n’était arrivé avec sa culture musicale, ses instruments, ses idées. Nos différences font la richesse de nos spectacles, de notre musique et la force de notre groupe.

Interview Emmanuelle TOURAINE
Télé 7 jours - hors série gratuit août 2001.

Ma chronique du festival interceltique de Lorient 2001

 

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