Jordan Rudess |
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ANALYSE DE STYLE |
BIOGRAPHIE THEMATIQUE -- CHRONIQUES -- ANALYSE
DE STYLE |
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Les
Leads
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Jordan utilise pour
ses
leads tout ce qui est à la
portée
des
claviéristes actuels. Arpèges, gammes, portamento,
variations
de hauteur de 1/2 ton (molette de pitch) à plusieurs octaves
(grâce au ruban comme dans "The Glass Prison" à
5'51), vibrato (plus souvent activé par la molette de pitch que
par la pression des doigts sur le clavier), trilles...
Et pour illustrer ce
charabia, voici quatre transcriptions de
solos plus ou moins récents.Pour notre plus grand plaisir, il passe du solo lent au plus rapide balayant les 88 touches lestées de son clavier sur quatre gammes principales : - la gamme mineure (très présente à chaque concert dans son solo, mais aussi dans "Endless Sacrifice" - intro, "Kindred Spirits", "Fatal Tragedy", "The Glass Prison", "Blind Faith", "Panic Attack" et la plupart des leads de l'album Feeding The Wheel...), - la gamme pentatonique mineure et blues ("The Stretch", "Universal Mind", "Beyond This Life"), - la gamme phrygienne majeure (presque tous les leads de Train Of Thought mais aussi "Freedom of Speech", "Home", "The Test That Stumped Them All"). Cette gamme aux inflexions orientales avait déjà été utilisée par Kevin Moore dans "Bombay Vindaloo" et "The Ytse Jam", - la gamme majeure (moins fréquente : "Overture 1928" et "Solitary Shell"). Je mentionnerai pour finir le solo de "Three Minute Warning" (à 5'35) qui démarre en majeur et finit en mineur.
Un lead en mineur principalement fondé
sur des gammes et
arpèges. Tout cela sonne comme du Rick Wakeman,
non ? On notera l'utilisation d'une note répétée
au pouce dans
la deuxième mesure (mi, puis déplacement vers le la).
Un festival de Moog de près d'une minute
se cache dans ce
morceau de Train Of Thought : d'abord en solo sur mi b et fa #,
puis en un contrepoint qui s'échappe vers la et do ... en voici
un extrait, aisément transposable.
Ce morceau est issu de l'album Listen.
Malgré un son très
pop
hollywoodienne, chaque chanson (oui, Jordan chante aussi) de cet
album cache un bijou de partie instrumentale et s'écoute au
casque avec délectation. Le solo de "Feel The Magic"
est en mineur également, mais avec uniquement des notes
conjointes (qui se suivent) dans les quatre premières mesures et
des écartements de doigts un peu plus délicats par la
suite. Le
solo s'achève sur une séquence de doubles croches. Il est
repris une seconde fois, harmonisé à la quinte avec un
autre
son.
La déferlante en gamme majeure
phrygienne ... à voir en
concert
jouée simultanément par John Petrucci.Un dernier point sur les bends... Aux deux types majoritairement utilisés - celui qui vise une note ("The Glass Prison" à 10'13 : il joue un ré et l'élève d'un ton pour obtenir un mi) et celui qui vise plus loin (et qui consiste à élever ou baisser la hauteur de la note, peu importe jusqu'où... même chanson à 10'44) - Jordan ajoute le double bend (comme dans "Quantum Soup" à 4'15 et "Crossing Over" à 1'59) où il s'agit de superposer deux bends d'amplitude inégale afin d'intensifier le mouvement dans un solo. |
Le Piano |
Kevin Moore et Derek
Sherinian
ont prouvé leurs grandes qualités expressives sur cet
instrument avec Dream Theater (et également hors de DT !). Quand
on utilise un son de piano sur un synthé, les techniques ne sont
pas innombrables... On peut, certes, tenter d'imiter un jeu
pianistique (haaa... ces subtils passages où tout est dans la
résonance des notes comme le faisait Kevin dans l'intro de
"Space Dye Vest"). Il est aussi tentant de se servir
des fonctions apportées par le synthé : le bend, (comme
dans le
solo de piano de "Biaxident"), les layers bien épais
chers à Derek (ce qui consiste à superposer plusieurs
sons sur
le clavier) et les splits (qui partagent le clavier en diverses
zones, avec autant de sons différents que de zones). Il y a du
piano dans tous les albums de DT, Jordan y a ajouté sa patte,
ses harmonies (refrain de "Finally Free"), et... ce qui
n'est pas du goût de tous les fans, sa virtuosité.
C'est quand le piano arrive lors d'un
changement d'ambiance qu'il
nous surprend le plus : réécoutez les passages centraux
de
"Universal Mind", "Blind Faith", ainsi que
ceux de "Crossing Over" et "Dreaming In
Titanium".
Parmi les autres titres qui font la part belle au piano : "Masada" (et par conséquent "Stillness", ces deux morceaux ne faisant qu'un), "State Of Grace", "Through My Words" et les trois derniers titres de Scenes From A Memory, "Hour Glass", "Interstices", "Vacant", "Disappear", "The Answer Lies Within" ainsi que les albums Secrets Of The Muse, An Evening With John Petrucci And Jordan Rudess, 4NYC et Resonance. On y retrouve ses plus grandes influences : Liszt, Chopin, Prokofiev, Emerson et d'incessants clins d'œil au ragtime. A noter : le dernier morceau de Listen en 1993 était déjà un boogie-woogie !
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Pourquoi si peu d'orgue ? |
Vous connaissez l'avis réservé de Jordan au sujet des sons d'orgue Hammond, ils les a pourtant bien inclus dans la rythmique de "Beyond This Life", "Octavarium", les solos de "Blind Faith", "When the Water Breaks", "Crack the Meter", "Freedom Of Speech" et dans les prestations live de "The Killing Hand". Dans une gamme mineure blues, ses solos d'orgue font appel aux techniques habituelles pour qui veut recréer sur synthé le son de cet instrument : notes tenues (quand une touche reste enfoncée pour donner l'harmonie et que l'on fait varier les autres notes), Leslie (fort effet de vibrato issu de haut-parleurs rotatifs), trémolo (répétition très rapide de la même note), glissando descendant (à la fin d'une phrase musicale) et ascendant (a contrario, en début de phrase musicale). |
Improvisation |
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L'improvisation
est l'un
des points forts de Jordan Rudess,
que
ce soit seul (4NYC, Resonance, Secrets Of The Muse), en duo
(Rudess Morgenstein Project, An Evening With JP And JR ou les
sessions avec Richard Lainhart -collaborateur de
John Cage et Steve Reich entre
autres), et bien sûr en groupe. Cela lui permet aussi bien de
réinvestir ses techniques et réutiliser ses sons
habituels dans
des contextes différents que d'explorer de nouvelles voies.
" Je
me suis assis au
piano et j'ai laissé venir les
notes
sans idées préconçues sur ce que j'allais composer
".
C'est ainsi que Jordan décrit son album Resonance, sorti en
1999, dont les cinq titres inspirent la quiétude, le renouveau,
mais aussi une certaine intensité ("Timeline"). Avec
comme seuls vecteurs émotionnels le piano et la harpe.
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Deux ans plus tard à New York le 24
septembre, des versions
piano de "The Spirit Carries On", "State Of
Grace" et "Hourglass" ont côtoyé les morceaux
improvisés qui composent 4NYC : harpe toujours plus vraie que
nature, piano Steinway, nappes de chœurs et de cordes,
séquences du Karma, un Rudess soft mais très
inspiré. Soft,
dans les sonorités choisies, car ces morceaux comportent des
mélodies riches, éloquentes et parfois ambitieuses ("A
Step Beyond"). Organisé par Danielle Rudess,
le concert a permis de recueillir 12 000 dollars pour l'aide aux
victimes des attentats.
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Progressions d'accords |
C'est toujours déroutant d'entendre un
magnifique solo ou une
mélodie transportante sur une suite d'accords qui ne brille pas
par sa richesse... on se dit que la recherche et le soin n'ont
pas été également répartis ! Ceci
n'empêche pas Jordan de
faire apparaître dans le même morceau une progression
inhabituelle (1) et une autre faite d'un seul accord (2).
(1) Ecoutez dans le LTE 2 l'intro de "Biaxident" : [Mi - Si m - Mi - Do - Sol - Sib - Fa/la - Ré]. Cette progression de huit accords passe par quatre tonalités principales : mi, do, fa et ré, ce qui veut dire (pour faire simple) que si un musicien veut improviser dessus, il doit moduler et changer quatre fois de gamme... (2) ... tandis que sur le solo de 5'37 à 5'56, Jordan ne quitte pas la gamme de sol majeur (sauf lorsque Tony Levin joue un fa à la basse). Et dans la masse de suites d'accords que Jordan visite au fil des morceaux, se dégagent comme chez chaque compositeur des progressions fétiches. On remarquera la parenté entre "Don't Look Down" (à 4'16) : [Fa# m - Fa# dim - Mi - Fa#] et "Ucan Icon" (à 1'46) : [Ré m - Ré dim - Do - Do m - Ré - Ré dim 7 - Mi - Mi b]. Ces deux progressions ont une amorce identique (un accord mineur suivi du même accord diminué) et l'utilisation toujours dramatique de la succession d'un même accord joué en majeur puis en mineur.
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Harmonisations par tierces et sixtes |
La
sixte est le
renversement de la tierce. Traduction svp !!!
Jouez un do sur un clavier, puis le mi qui se trouve au-dessus,
reproduisez l'expérience avec le mi qui se trouve en dessous...
vous aurez deux façons différentes d'agrémenter un
do : la
tierce et la sixte.
Ce
sont les
harmonisations que Jordan Rudess utilise le plus
souvent, tant dans les passages au piano - afin d'enrichir une
mélodie en la doublant autrement qu'à l'octave - que dans
les
sections synthétiques par le biais de subtiles séquences
rythmiques, qui sont toujours du plus grand effet... C'est en
écoutant ce genre de rythmiques assez mécaniques qu'on se
dit
que ce n'est pas pour rien si Jordan revendique l'influence de Kerry
Minnear (Gentle Giant).
Réécoutez
"Experience" et "So Sincere" et tout
deviendra plus clair pour vous ...
Ainsi, chaque album comporte "sa"
séquence inoubliable
et immédiatement appréciée des fans. On aura donc
"Over
The Edge" (intro) dans le Rudess Morgenstein Project,
"Fatal Tragedy" (4'11) dans Scenes From A Memory,
"When The Water Breaks" pour LTE 2 et les deux passages
suivants.
Là encore, une note plus grave sert de
pivot (ou
"pédale") aux harmonisations en tierces qui sont,
elles, dans l'aigu. Tout ceci s'achève sur des belles descentes
de gammes en triolets.
Pour clore cet article, voici un riff
"résumé" où
Jordan alterne une séquence mécanique et un trait
mélodique
(avec quelques harmonisations à la tierce au passage), le tout
à tempo rapide et dans des mesures assez ambitieuses.
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Feeding
the Wiz |
Afin de rendre plus concrète cette analyse de style,
j'ai
tenté
de réunir en un seul morceau les tics d'écriture de
Jordan les
plus flagrants. Reproduire ses sons et son toucher ne m'étant
pas permis (je n'ai ni ses synthés, ni ses mains) je me suis
concentré sur la composition et les ambiances. Vous trouverez
donc en téléchargement sur le site de Your Majesty
"Feeding The Wiz", un pastiche de cinq minutes à la
manière de Jordan.
Quelques détails : - le solo de piano vient d'un fichier midi nommé "Progfest" anciennement disponible sur le site de Jordan, que j'ai détourné et reprogrammé. - tendez l'oreille, un sample est issu de l'intro de "Home". - une bonne partie des breaks de batterie est issue des morceaux du Rudess Morgenstein Project. - le solo de guitare a été composé et enregistré par Aldric de Montfort officiant dans Aching Beauty (http://www.aching-beauty.com). - la conclusion reprend des passages complets de l'intro. A télécharger ici : Feeding The Wiz |