Jordan Rudess |
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BIOGRAPHIE
THEMATIQUE
-- CHRONIQUES -- ANALYSE
DE STYLE
Par Fabien Labonde
CHRONIQUES
Notes On A Dream 2009
The Road Home 2007
Spontaneus Combustion 2007
Online
Conservatory 2007
Keyfest
Live 2007
Rhythm of Time 2004
Feeding The Wheel 2001
Jordan Rudess, juin 2009
Notes on a Dream Jordan Rudess mai 2009 Magna Carta chronique de Fabien Labonde - ADN Reprenons Jordan Rudess
là où nous
l’avions laissé, avec la sortie de The
Road Home (YM n°54), un album de
reprises auquel avaient participé de nombreux
invités. Depuis, Jordan a
découvert de nouveaux jouets musicaux et
téléphoniques, de l’Harpejji au Be-Bot
en passant par le Tenori-On, l’Axis-64 et le Korg Nano
Key… Dans ce nouvel album, Notes
on a
Dream, ni invités, ni jouets mais 53 minutes de
piano : Jordan reprend
des morceaux de Dream Theater toutes
époques confondues. Ce n’est pas
pour autant un album de rupture, car les récentes
prestations au piano de
Jordan incluaient déjà des adaptations de DT.
Dernier constat, Jordan a donc
sorti deux albums de reprises d’affilée et
n’a pas composé d’album complet pour
ses fans depuis 2003. Une fois le Ivory Grand Piano
installé
(c’est un piano virtuel, ça fait moins classe dans
le salon, mais ça n’attire
ni la poussière ni les termites), Jordan s’est
plongé dans le répertoire de son
groupe et a sélectionné trois morceaux de
l’époque Kevin Moore, "Hollow
Years" et "Speak To Me" de l’époque Derek
Sherinian, et quatre
autres de Scenes From A Memory et des albums
suivants. Le point commun
entre ces morceaux ? « de la musique qui repose plus
sur la mélodie que
sur les riffs. » (1) Afin d’enrichir le propos
musical, ou ne
pas lasser l’auditeur, Rudess a fait preuve d’une
très grande variété de modes
de jeu : gammes, arpèges, octaves, passage de
mélodie de main en main, superposition
de binaire et ternaire, trilles et notes blues… Souvent le
tout au sein d’un
même morceau comme dans "The Silent Man". Et là
c’est selon … on va
du « ouaouh ça change
tout ! » au « trop de
trop tue le
trop ». "Perpetuum Mobile", "The
Grand Escapement" et "Collision Point", trois courtes
compositions - voire des études - sont là pour
nous rappeler que les variations
sur un thème ont des limites. Ces trois
nouveautés, ainsi que l’intro d’"Another
Day" qui est un nouveau morceau à elle toute seule, ont
échappé aux
longueurs qui caractérisent le reste de l’album.
On y retrouve avec plaisir les
influences de Rimsky-Korsakov, Prokofiev mais aussi Emerson qui
ponctuaient
déjà "Interstices" dans Feeding The
Wheel en 2001. Si je devais décerner
des récompenses, il
y aurait "Through her eyes" pour l’équilibre,
"Speak To Me"
pour la richesse de l’écriture, "Hollow Years"
pour la simplicité, et
"The Answer Lies Within" pour la démonstration
stérile. Maintenant, à vous de
juger ! 1. Through Her
Eyes
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Jordan Rudess 2007 (Magna Carta)
http://www.jordanrudess.com/images/the_road_home_full.jpg Les enfants, asseyez-vous en tailleur près du feu, et écoutez le magicien Jordan vous raconter l’histoire du prog en 64 minutes. L’album commence avec des habitués … Rod Morgenstein, Neal Morse (est-ce utile de les présenter ?) et Marco Sfogli (guitariste de James LaBrie) dans une version boostée de "Dance On A Volcano", l’ouverture de l’album A Trick of the Tail de Genesis. Tout y est, y compris le riff de fous en 7/8. Rallongé d’une série de solos, le morceau revisité par Rudess dure maintenant près de 9 minutes, et le jeu très varié de Marco Sfogli fait mouche. Dans l’album original vient ensuite un morceau plus calme … dans The Road Home, pas de répit ! Car on enchaîne sur "Sound Chaser", extrait du Relayer de Yes. Patrick Moraz, qui a fait découvrir le Mini-Moog à Jordan ne pourra pas y être insensible. Dense, explosif, ce morceau est un festival. Jordan l’agrémente de sons très percussifs, joue des bends comme personne, et seule l’absence de basse se fait ressentir, tant les parties de main gauche sont discrètes. Nick di Virgilio au chant y est confondant ! Comment ne pas repenser à son interprétation magistrale de "Siberian Kathru" dans Tales From Yesterday en trio avec Kevin Gilbert et Mike Keneally. Ricky Garcia (du groupe Lafee - second solo de guitare) est très à son aise sur les doubles croches en 6/4 de Rod Morgenstein. Un troisième morceau plus calme peut-être ? Non … moins connu d’entre vous, c’est Gentle Giant qui est ensuite mis à l’honneur avec "Just The Same". Que dire … Imaginez un groupe qui mélange rock, blues, harmonies médiévales et classiques, dissonances contemporaines, contretemps, syncopes. Et surtout ... un bassiste Ray Shulman qui joue aussi du violon et de la trompette, un chanteur Derek Shulman qui joue aussi du sax alto, un organiste : le fabuleux Kerry Minnear qui joue aussi bien du clavecin que du violoncelle et du vibraphone, un chanteur Phil Shulman qui joue aussi de la trompette et du saxophone, et un batteur qui fait des solos de malade au xylophone. De plus, ils chantent tous et font du quintette de flûte à bec ! Kip Winger, déjà présent sur Rhythm Of Time, reprend fort honorablement les parties de chant, Ron "BumbleFoot" Thal étonne (comment pourrait-il en être autrement ?) avec son solo de guitare, et Jordan se complaît à rendre le riff de clavier (du 7/4 sur un rythme de batterie en 6/4) encore plus groovy. Presque tous les sons fétiches de Jordan (époque RMP et Feeding The Wheel) y passent, le Kurzweil est à la fête ! Il avouait récemment : « j’utilise encore beaucoup ce synthé dans mon studio, il contient une grande partie de moi ». On retrouve Yes et Genesis sur le quatrième morceau. Huit minutes de piano, hommage passionné aux mélodies de "Soon", "Supper’s Ready" et "And You And And I". Sans oublier le très profond "I Talk To The Wind" de King Crimson, où l’on entend Jordan Rudess et son super-assistant Bert Baldwin donner de la voix. Il ne manque plus que le solo de flûte, mais … il s’agit d’un "Piano Medley". Celui-là même que les heureux spectateurs des récents concerts de Blackfield ont pu entendre en première partie. L’album contient une courte composition originale, "Piece Of the Pi", dont le début est très accrocheur, jusqu’à un nouveau ragtime au piano, la suite étant moins riche à mon goût (des breaks et de la sculpture sonore à base de Continuum très proche de Systematic Chaos en fait). Très technique, c’est toutefois un bon amuse-gueule, quand on connaît le dessert… Gros son, vélocité, abondance, (excès ?) voici "Tarkus". Entourés de Ron Thal, Ricky Garcia et des deux chanteurs Steven Wilson et Kip Winger, Rudess et Morgenstein en mettent partout. A écouter à fond et en courant dans le salon (comme les enfants de Neal Morse). Le "Tarkus" original entremêle trois chansons, des breaks et un déluge d’orgue, piano et synthé. Grand fan de Keith Emerson, Jordan ne pouvait pas passer à côté d’un tel monument. Il a cependant fait la part belle aux deux guitaristes, aux interventions desquels il a réservé un accompagnement tout en subtilité. Jordan Rudess et ses invités ont repris les sections chantées assez fidèlement, les fans ne seront pas déçus, et tendront, j’en suis sûr, l’oreille à l’approche des sections instrumentales réarrangées et rallongées. Ajoutons à cela le plaisir d’entendre ces morceaux avec le bénéfice des technologies actuelles. Pour ceux qui connaissaient déjà ces tubes, et tous ceux qui souhaitent (re)découvrir leur intensité et leur spontanéité, je vous conseille d’en écouter les versions concert : Welcome Back My Friends … pour ELP, Live at QPR Stadium pour Yes, Seconds Out pour Genesis et Playing The Fool pour Gentle Giant.
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Spontaneus Combustion
Petit rappel : un an après l'enregistrement de Liquid Tension Experiment, Mike Portnoy, Jordan Rudess, Tony Levin et John Petrucci se retrouvent aux studios Millbrook pour enregistrer le second album de LTE. Tony Levin vient de finir Upper Extremities avec Bill Bruford, Rudess prépare le Rudess Morgenstein Project, c'est dire si leur créativité est aiguisée. Les deux membres de DT quant à eux, reviennent d’un concert au Brésil. On est donc en octobre 1998 et John Petrucci, qui s'apprête à devenir papa, est contraint de quitter la session, laissant un trio ... ou plutôt 4/3 d'un quatuor ... délirer dans le studio pendant deux jours. Une seconde session aura lieu en novembre, et certains des morceaux joués et conçus à trois prendront place sur l'album : "914", "Chewbacca" (qui sera rehaussé de guitares après coup), et "Liquid Dreams". Magna Carta, de longues années après, publie les morceaux qui n'ont pas été retenus dans ce Spontaneus Combustion. Spontanéité, évidemment, on est dans l'impro la plus totale, les musiciens "font tourner" les riffs sur une seule tonalité, cherchent, développent, mais sans forcément faire naître la combustion ou encore la "tension" qui s'est perdue d’un intitulé de groupe à l’autre. Et c'est malheureux, car la tension, en musique, c'est souvent ce qu'il y a de plus intéressant ... on trouvera donc peu de climax dans cet album, malgré l'inventivité et certaines trouvailles ... c'est surtout la longueur qui ne pardonne pas. Je ne parlerai pas du mixage car il n'y en a pas, on nous livre ici des captures d'impros, mais faisons fi du son, concentrons-nous sur les grandes idées ! Et il y en a quand même pour satisfaire notre mélomanie ! Peut-être pas dès le début cependant … "Chris & Kevin's Bogus Journey" m’a semblé être une entrée en matière des plus exigeantes, tant elle a mesuré ma capacité à résister à passer au morceau suivant. Heureusement "Hot Rod", dès le premier roulement de cymbales laisse entrevoir que les amateurs de tempo rapide y trouveront leur compte. Et c’est le cas ! Un déluge d’idées TGV et ultra-carrées. Viennent ensuite trois courts morceaux, qui ont assez peu de relief hormis "RPP", sans équivoque le seul et unique morceau d’un hypothétique "Rudess Portnoy Project" dont il porte les initiales ... Rudess y utilise d’ailleurs les mêmes sons que sur le RMP. K2000 (le synthé, pas la série) quand tu nous tiens ! "Fire Dance", dont les points forts sont la montée en puissance de l’intro, l’incroyable solo de piano façon Patrick Moraz et le changement de tempo avant le final est le morceau qui souffre le moins de l’absence de post-production. Un morceau digne des LTE, si ce n’est un ou deux couacs au piano. On ne peut pas en dire autant de "Jazz Odissey", où la connivence fait grandement défaut dans le dernier tiers. Dans les deux volets de "Rubberband Man", Portnoy joue avec les rythmes, Levin est tout en glissés, mais ça tourne un peu trop en boucle, le second volet étant le plus varié, le plus ornementé. Je retiens aussi "Holes" et "Tony’s Nightmare", qui mettent en avant Rudess pour le premier et Levin pour le second, à l’archet. Comme si ça n’était pas explicite, "Boom Boom" est tourné vers King Crimson tant au niveau du titre que des rythmiques (à noter également la similitude avec le riff de "Troller Tanz" de Magma !). Sachant que ces enregistrements existaient, les fans n’auraient pas compris qu’on leur cache … maintenant qu’ils sont disponibles, on se rend compte à quel point on a pu attendre trop d’un tel document d’archive. Enfin, ce Spontaneus Combustion a le mérite de montrer combien de travail il aura fallu pour élaborer LTE2 à partir de ce style de jams. Fabien Labonde
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Jordan Rudess Online Conservatory Le conservatoire en ligne de Jordan Rudess a ouvert ses pages en 2004. De plus en plus étoffé, il s’adresse aux musiciens qui - pour une inscription de 50 dollars à vie - souhaitent se plonger dans les bases (gammes, arpèges, harmonie, rythmique, exercices pratiques…) et aussi explorer leur application aux technologies modernes. Mais nul doute que l’attrait principal c’est qu’il permet d’entrer par la grande porte dans le monde décadent et pétillant de Jordan. Les leçons de base s’appuient sur la première vidéo Keyboard Wizardry, avec ceci de nouveau que les exercices sont disponibles en mp3, fichier midi et partition au format pdf. On peut également laisser un commentaire et poser des questions dans le forum. Vous me direz, le plus intéressant, c’est de passer de la théorie à la pratique… Jordan a pensé à vous, en composant une vingtaine d’études. Il s’agit de courts morceaux qui présentent tour à tour un mode de jeu particulier : les trilles, les notes répétées, les rythmiques en 7/4 ("Parker On Prog" : amateurs du Rudess Morgenstein Project jetez-vous dessus !), les renversements d’accords et d’arpèges, le jeu main droite - main gauche en miroir, l’enrichissement du jeu par ajout d’une note à l’auriculaire (le lazy pinky), l’improvisation sur la gamme pentatonique mineure et bien d’autres encore. Cette section est une mine d’or. Les non-claviéristes, je vous sens largués là … Chaque étude est présentée par Jordan, accompagnée de conseils d’ordre musical, physique, et parfois métaphysique… En voilà un florilège :
- Utilisez les mêmes
doigtés quand vous répétez afin de
faire travailler la mémoire des muscles. On peut aussi apprécier le conservatoire pour autre chose que la théorie, à savoir sa collection de riffs (en mp3 et pdf) avec des partitions réalisées par Jordan Baker et Chris Romero (ceux-là même qui co-écrivent les méthodes et songbooks de Jordan). En vrac : l’arpège speed de "The Glass Prison", les doubles-croches haletantes de "The Test That Stumped Them All", l’inénarrable ragtime de "The Dance Of Eternity", le trio en panoramique de "Honor Thy Father", le thème barré d’"Insectsamongus", le duo guitare - clavier de "Never Enough" ainsi que 7 extraits de Systematic Chaos qui ont été ajoutés peu après la sortie de l’album. Peu de musiciens le savent, mais les guitaristes et batteurs ont eux aussi des leçons en vidéo. Elles sont présentées par Chris Amelar (que l’on a pu entendre aux côtés de Jordan Rudess il y a 14 ans dans Listen) et Charlie Zeleny qui a joué en duo avec Jordan dans des shows organisés par la firme Roland. Dans un anglais très compréhensible, Charlie Zeleny explique les bases, puis passe en revue un certain nombre de techniques qu’il juge appropriées au jeu typé prog. Chaque chapitre est suivi d’un extrait de concert de Charlie Zeleny avec son groupe Behold the Arctopus. J’ai surtout retenu comment il incorpore dans un groove des fla (un coup piano et un coup forte simultanés), et le jeu en double pédale. Ça donne envie de s’intéresser davantage à ce batteur ! Les leçons de guitare s’appuient beaucoup sur la théorie, Chris Amelar y présente les gammes de base et les modes grecs. Et puis bien sûr, la description usuelle des techniques de guitares : jeu au médiator, sauts de cordes, harmoniques… académique, mais très bien expliqué. Le tout dans un style allant du blues au jazz-rock. Les 5 jams du niveau III en apportent la preuve. Chris Amelar a écrit beaucoup d’articles sur le style de John Petrucci, mais il faut bien dire qu’ici, on en est assez loin. Les guitaristes bénéficient aussi de 19 exercices dispensés par Jordan lui-même, il y est surtout question de jeu au médiator en allers-retours et d’accentuation des temps forts sur des mesures impaires. En matière de vidéos pédagogiques, le clavier demeure paradoxalement le parent pauvre sur ce site … pour ceux qui possèdent déjà le dvd Keyboard Madness, rien de nouveau à se mettre sous la dent, puisque les exercices et riffs du conservatoire en sont extraits. On y retrouve les séquences d’échauffement, la construction des sons, et on peut voir Jordan jouer des riffs et des leads des albums de Dream Theater, Liquid Tension Experiment et Rudess Morgenstein Project. Cependant, pas de partitions ici, on ne peut donc pas véritablement parler de leçons… Mais ce que j’ai trouvé le plus bluffant sur ce site, c’est l’immense contribution de Richard Lainhart (compositeur, voisin et ami de Jordan, extraordinaire personne ressource en matière de musique électro-acoustique) qui nous gratifie d’un voyage à travers la synthèse analogique, celle des vieux synthés qui ressemblent à des centraux téléphoniques. Plus de deux heures trente de présentation exhaustive avec en prime un générique digne du manège enchanté ! Fabien Labonde – ADN.
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Jordan RUDESS - DVD - Keyfest Live ! 2004
D’abord faisons un petit rappel sur l’emploi du temps de Jordan pendant l’été 2004 : 3,
5 et 6 juillet : concerts de Dream Theater en Italie avec des
groupes locaux, Vous remarquez comme un creux en juillet ? C’est parce que Jordan Rudess préparait la journée du 25 : le Keyfest de New York - masterclass, jam et concert pour la somme de 50 dollars. Masterclass, tout d’abord : trois heures de cours de synthé, où des élèves soigneusement auditionnés ont pu jouer leurs morceaux devant maître Jordan qui écrivait les grilles d’accord, les analysait, et donnait des conseils en matière de composition ou de doigtés. Puis un jam, avec l’équipe de Progressive Transcriptions, les responsables du conservatoire en ligne, et des membres du forum de Jordan Rudess. Cela peut en décevoir certains, le DVD ne montre rien de tout ça, il est consacré au concert, et uniquement au concert (pas de bonus, pas de commentaire audio – donc pas de traduction dans le prochain fanzine !). Même la présentation de Jordan par Bert Baldwin au début du show a été coupée. C’est tout compte fait le premier DVD de Jordan qui ne soit pas pédagogique. Quoique, le regarder jouer est forcément pédagogique… et énervant ! Parlons du son. Dans les morceaux accompagnés par une bande, le clavier est surmixé (je vous entends déjà dire "contrairement à Score"). Le son global est très sec, trop peut-être pour du live, et le montage fait peu de place aux applaudissements ou aux interventions de Jordan entre les morceaux. On n’entendra le son de sa voix qu’après 1h55 de musique, pour remercier le public. Parfois, on distingue comme un bourdonnement, c’est Jordan qui chantonne pendant ses improvisations (un conseil qu’il donne souvent). Jordan joue sur un Triton Extreme relié à un Karma, deux synthés de marque Korg. Le Karma était présent sur scène depuis la tournée 6DOIT, et le Triton Extreme a été utilisé comme intermédiaire entre le Kurzweil et l’Oasys. Le Karma a maintenant disparu des concerts de DT, puisque sa technologie a été intégralement incorporée à l’Oasys. Le concert commence par "Stream Of Consciousness" et je crois que nous serons tous d’accord pour dire que débuter un concert par ce morceau c’est très osé ! Jordan passe ensuite au piano à queue (un Steinway) pour "Silent Mountain", une impro aussi fiévreuse que le mémorable solo de piano qu’il avait joué à Bruxelles en janvier 2004, en intro de "Death On Two Legs" de Queen. Vient ensuite "Escape", solo de harpe sur fond de nappes, où Jordan balaye les 88 notes du Triton sur des arpèges évocateurs, pendant lesquels on aimerait bien pouvoir respirer un peu plus souvent ! Quelques clics plus tard, voilà un autre morceau connu : "Time Crunch". Fait étrange, sur la jaquette Rod Morgenstein, Vinnie Moore, Dave Larue et Daniel J ne sont pas crédités. Joe Satriani, Bill Ruyle et Steve Morse (invités sur "Screaming Head" et "RA", autres morceaux de Rhythm Of Time également interprétés en avant-première lors du concert) ne le sont pas non plus. C’est un peu dommage d’avoir choisi les mêmes morceaux que sur le DVD Keyboard Madness. Viennent ensuite deux types d’impros : les regardez tout ce que je sais faire au piano où Jordan pioche dans son répertoire de modes de jeu pour agrémenter des thèmes initialement pleins de retenue, et les délires synthétiques atonaux que sont "Cartoon Giant" et "Madness", véritables ovnis où les sons électriques se joignent aux rythmiques du Karma, à des cris d’animaux et autres onomatopées. Hommage au public italien que Jordan venait de quitter, "Italia Con Amore" est un duo accordéon - guitare qui nous fait regretter le manque de fidélité de la restitution sonore du Korg. Dans le registre un peu plus jazz, mentionnons "Star Cove 2004", très nuancé, avec de belles pompes (rien à voir avec les chaussures de Jordan, c’est une technique de main gauche qui consiste à alterner une note de basse et un accord, ce qui ici renforce l’effet swing). Le concert se termine sur un "In The Name Of God" un peu trop sage et "Symphonic Twinkle" (version speed d’"Ah ! Vous Dirai-je Maman") après lequel il devient plus que nécessaire de faire réviser le piano ! Petit regret : l’absence d’une footcam, il aurait été très utile d’observer l’utilisation que fait Jordan de sa collection de pédales. Mais c’est vrai, je chipote.
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Ca fait
maintenant un mois que j'ai Feeding the Wheel et je
l'écoute abondamment ! Les invités sont bien
choisis,
bien que
cela ne soit pas très surprenant ! Des musiciens comme Billy
Sheehan (le bassiste de Milène), Steve
Morse et John
Petrucci ont un son bien à eux, et cela devient
trop facile.
Quoi qu'ils jouent, on est tentés de se dire "ouah la
maîtrise !!!". En fait, je m'attendais à ce qu'ils
jouent
différement, afin de donner une couleur
supplémentaire
aux
morceaux de Jordan. Eh bien à l'écoute de ces
morceaux,
j'ai
apprécié leur prestation, mais je n'ai
trouvé que
des couleurs
que je connaissais déjà. Exception faite pour Bozzio
qui
m'a bluffé et le violoniste Mark Wood au grain si
particulier ! Quant aux compos elles-mêmes, elles sont suffisamment bizarres pour me plaire !!! Un regret : j'éprouve une certaine lassitude à entendre le son de cuivre/cordes qui sert à jouer les mélodies, et toujours le même son utilisé pour les solos et les cadences. Il n'en reste pas moins que tout ce que l'on entend à l'arrière plan (au casque) est un incroyable fourmillement effervescent de trouvailles sonores. En résumé, l'album est "élevé" car super bien conçu, "épais" car on n'est jamais en train de penser que c'est joli mais quand même un peu creux ; la matière n'est à mon avis pas assez "large" : peut-être un défaut de mixage, ou d'utilisation des effets, ou encore de répartition des arrangements qui sont, certes, riches mais mériteraient d'être plus déployés dans l'espace.
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Feeding
the Wiz Afin de rendre plus
concrète cette analyse de style,
j'ai tenté
de réunir en un seul morceau les tics d'écriture
de
Jordan les
plus flagrants. Reproduire ses sons et son toucher ne
m'étant
pas permis (je n'ai ni ses synthés, ni ses mains) je me suis
concentré sur la composition et les ambiances. Vous
trouverez
donc en téléchargement sur le site de Your
Majesty
"Feeding The Wiz", un pastiche de cinq minutes à la
manière de Jordan.
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